South Blue, il y quelques semaines. Nouvel ordre de mission. L'une des premières depuis que j'avais réussi les examens. J'étais enfin en solo pour cette mission on ne peut plus simple sur le papier. Un restaurant se déplaçait sur les mers et semblait accueillir tous les clients sans distinction. Était-ce un choix de la propriétaire ou une excuse pour accueillir des criminels ? C'était justement sur ce point précis que je devais enquêter. Avec tous les Révolutionnaires qui commençaient à se révéler sur les mers, pas questions de laisser une potentielle planque agir librement.
Pour préparer cette mission, il avait fallu préparer une couverture particulière afin de pouvoir questionner cette Yuki, seule information que je détenais avant d'arriver dans ce restaurant. Je n'étais plus John Doe, mais Giovanni Panzani, critique culinaire du prestigieux Guide Michelot, reconnu pour être l'un des meilleurs guide culinaire du monde. Mes supérieurs avaient fait en sorte que le nom de Giovanni Panzani fasse le tour de South Blue, avec quelques rumeurs qui se propageaient rapidement, comme le fait que Panzani était un homme très difficile à convaincre et qu'il cherchait LE restaurant de South Blue qui deviendrait l'endroit le plus connu de cette mer.
Pendant ces semaines de rumeurs lancées, moi je peaufinais un déguisement pour être sûr d'être totalement crédible dans ce rôle. J'apprenais les bases de la cuisine, afin de pouvoir discuter "technique" avec la restauratrice sans problème et prouver par la même occasion que Giovanni est le meilleur critique. Rien n'était laissé au hasard, mes cheveux étaient teints en brun, plaqués à l'arrière, je travaillais une diction plus chantonnante, plus chaleureuse. Mon visage était transformé grâce au maquillage et je portait une paire de lunettes qui me donnait un air plus âgé. Le costume était classique, avec une cravate rayée. On m'avait fourni une fausse carte qui ressemblait exactement à une vraie carte des critiques du Michelot. Tout était prêt.
J'accostais sur la droite du navire-restaurant sur les coups de midi trente, en plein service. Bien entendu, cet horaire avait été pensé pour vraiment coller avec cet univers. Pour juger un restaurant, il faut, dans un premier temps, arriver sans prévenir et en plein rush. Les deux conditions étant réunies, je poussais la porte d'entrée.
—Bonjour, bonjour, auriez-vous une table madame ?
Codage par Libella sur Graphiorum
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Mer 30 Juin - 11:55
Hualian D. Yuki
Les rumeurs portaient sur un critique culinaire depuis quelques semaines, je soupirais doucement, étrangement, je ne voulais pas voir cet homme dans mon établissement, il était un de ces hommes du Guide Michelot, le genre qui s'amuse à casser les restaurateurs en devenir ou à propulser les jeunes talents. Je n'estime pas avoir besoin d'un avis comme celui-là sur ma cuisine. Mes patins aux pieds, je slalomais entre les tables, le restaurant était très animé aujourd'hui, pour mon plus grand plaisir, m'affairant à servir les clients aussi vite qu'il m'était donné de le faire tout en le faisant bien.
Le bruit des couverts et des exclamations de joie des clients me donnait le sourire alors qu'en cuisine je m'affairais à préparer les plats à la carte et le réserver dans la partie chaude du comptoir pour avoir toujours une longueur d'avance et assurer un service rapide. Je sortais une nouvelle fournée de dessert quand Il a fait son entrée. Qui est ce Il ? Je critique auquel je pensais plus tôt dans la matinée, à croire qu'il m'a entendue et que cela l'a invité à venir ici.
Je le rejoins vivement avec mes rollers, un menu sous le bras et mon calepin dans l'autre main, mon sourire sempiternel sur le visage, ma chevelure parfaitement en place, mon tablier noir posé par-dessus ma robe ouverte au niveau des hanches.
« Bienvenue au Perchoir d'Ambre, monsieur, si vous voulez bien me suivre ! » Je roulais plus lentement pour lui permettre de me suivre, l'installant à une table simple avec vue sur la mer, je lui tends un menu, toujours avec le sourire. « Dîtes moi ce qui vous ferait plaisir et je vous servirais cela. Je reviens vers vous avec une carafe d'eau. »
Faisant volte-face, je m'éloigne jusqu'au comptoir, je prends un plateau au passage, glissant à la carafe à côté des plats, je me déplace jusqu'à une autre table, déposant les assiettes des clients qui patientaient. Le restaurant était rarement aussi rempli, je rejoins finalement le fameux critique après quelques minutes, les plats vides sous le bras, posant la carafe d'eau à sa disposition.
« Vous avez fait votre choix, monsieur ? »
Un grand sourire toujours posé sur les lèvres, une posture droite, maîtrise complète des patins, équilibre louable. Je posais mon regard en partie voilé sur le brun à lunettes.